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Dossier
spécial ISS :
Partie 4: l'assemblage
de la station
Si le calendrier de construction de la Station Spatiale
Internationale a déjà souffert de sérieux contretemps
pour diverses raisons, l'ordre dans lequel les différents éléments
devront être assemblés n'a à ce jour subi aucune modification
majeure.
Le module de contrôle Zarya :
Les opérations d'assemblage ont réellement débuté
le 20 novembre 1998, avec le lancement du module de contrôle
Zarya par une fusée russe Proton depuis le cosmodrome de
Baïkonour, au Kazakhstan.
Construit par la Russie sous contrat avec les Etats-Unis, Zarya
fournit la logistique et les communications durant la première
partie de l'existence de la station. Pour cette raison, cet élément
clé devait être le premier à prendre la route
de l'espace. Plus tard, avec la réception et le montage
d'autres modules, Zarya deviendra un véritable couloir
de l'ISS, autorisant le passage entre le module de service et
la partie internationale. Il recevra aussi un élément
d'amarrage pour les vaisseaux Soyouz.
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Zarya sur orbite, photographié ultérieurement
par l'équipage de la navette Endeavour le 5 décembre
1998
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Le Node-1 Unity :
Lancé par la navette spatiale Endeavour
le 4 décembre 1998, le Node-1, baptisé Unity, est
amarré au module Zarya. "Node" signifie "nœud",
et il porte bien son nom puisque sa fonction est de réunir
différents éléments tout en les interconnectant
entre eux et en autorisant le passage d'un module à l'autre.
Plus petit que Zarya, Unity n'en n'est pas moins
équipé de six éléments d'amarrage qui
sont autant de connecteurs.
Le laboratoire américain viendra s'amarrer
du côté opposé à Zarya, tandis que le
sas d'amarrage "supérieur" recevra la base de l'immense
poutre à laquelle se fixeront les panneaux solaires principaux.
Le sas "inférieur" recevra le Node-2, nouveau carrefour
livrant passage vers le module d'habitation et un vaisseau de sauvetage.
Les sas latéraux recevront, eux, un sas de sortie pour les
activités extra-véhiculaires et une coupole d'observation.
Le Node-1 a été amarré le
6 décembre 1998, et au cours de trois sorties les astronautes
de la mission STS-88 ont effectué tous les branchements électriques
internes et externes entre Unity et Zarya. Ils ont aussi pénétré
dans l'embryon de station, maintenant pressurisé, pour y
installer le matériel de communication.
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Le Node-1 Unity.
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Deuxième vol logistique :
Le premier amarrage avec la nouvelle station spatiale s'est
produit le 29 mai 1999 au cours de la mission STS-96 de la navette
Discovery lancée deux jours plus tôt. Il s'agissait
de la deuxième des 37 missions du shuttle prévues
dans le programme d'assemblage. L'équipage a amené
à bord deux tonnes de provisions et de matériels
divers, incluant des vêtements, des ordinateurs portables
et de l'eau pour le premier équipage. Au cours d'une sortie,
les astronautes ont installé à l'extérieur
divers éléments d'infrastructure qui seront utilisés
par les visiteurs futurs. Discovery a aussi utilisé ses
propres moteurs pour rehausser l'orbite de l'ISS.
Le module de service Zvezda :
Zvezda a été lancé le 12
juillet 2000 par une fusée Proton depuis le cosmodrome russe
de Baïkonour, et s'amarrait automatiquement à l'ISS
le 25 juillet (26 juillet en Europe). Le module Zvezda est le cœur
de la partie russe de la station et le module d'habitation provisoire
de la Station Spatiale Internationale. Il en constitue aussi actuellement
le système de propulsion et d'ajustement d'orbite.
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Le binôme Zarya - Unity tel que l'a aperçu
l'équipage de Discovery le 29 mai 1999
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Troisième vol
logistique :
Le 8 septembre 2000, la navette spatiale Atlantis
véhiculait un nouvel équipage à bord de la
station. Cette troisième mission d'un shuttle vers l'ISS,
STS-106, voyait les premiers astronautes pénétrer
à bord de Zvezda en orbite. Ils y apportaient divers équipements,
et remplaçaient aussi certains organes arrivés en
fin de vie, des accumulateurs notamment. Des vivres étaient
aussi installés dans le module russe, ainsi que des éléments
d'infrastructure à l'extérieur de la station, au cours
d'une sortie. L'équipage effectua aussi divers raccordements
électriques à l'extérieur de la station qui
exigent une intervention humaine. Atlantis séparée
de l'ISS, celui-ci se trouvait à nouveau en vol automatique.
Les gyroscopes :
Le 11 octobre 2000, Discovery prenait la route
de l'espace avec pour mission d'y apporter de nouveaux équipements
et de poursuivre son aménagement en vue de l'installation
des premiers astronautes moins de trois semaines plus tard. Dans
la soute de Discovery se trouvait une structure métallique
contenant quatre gyroscopes, servant aussi à supporter la
future grande poutre de près de 100 mètres de longueur
à laquelle seront fixés les énormes panneaux
solaires de la station. La navette emportait aussi un troisième
sas d'amarrage.
Les gyroscopes, qui seront installés lors
de cette mission et raccordés au cours de sorties extra-véhiculaires
qui s'étaleront sur quatre jours, remplaceront à terme
les fusées stabilisatrices. Ils ne seront cependant pas encore
activés, et l'équipage rentrera à terre en
laissant l'ISS inhabitée derrière lui.
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Travail sur Unity au cours de la mission STS-96
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Le premier équipage :
Le premier équipage d'habitation permanente a quitté
Baïkonour le 31 octobre 2000 à bord d'un vaisseau
Soyouz. Deux jours plus tard, les Russes Yuri Gidzenko et Serguei
Krikalev ainsi que l'Américain Bill Shepherd s'installaient
à bord de la station qu'ils baptisaient "Alpha".
Le retour se fera au moyen de la navette spatiale
américaine du vol STS-102, début 2001, le vaisseau
Soyouz restant amarré à la station au moins six mois,
afin de pouvoir être utilisé comme véhicule
de sauvetage en cas d'urgence.
Les premiers panneaux solaires :
Les premiers générateurs ont été
emportés par la cinquième navette spatiale à
rejoindre l'ISS, Endeavour, qui s'envolait de Cap Canaveral le 30
novembre 2000.
Endeavour emporte les deux premiers grands panneaux
solaires de la station, qui lorsqu'ils seront déployés
de part et d'autre de l'élément Z1 installé
il y a un mois, présenteront une envergure totale de 80 mètres
et fourniront à eux deux 62 Kw d'électricité.
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Le trinôme Zarya - Unity - Zvezda
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Lorsque tous les panneaux solaires
seront en place, soit une puissance 60 fois supérieure à
ce qui est alors disponible à bord de la station Mir.
Les premiers éléments sont fixés
directement sur la section de poutre mise en place par l'équipage
de la précédente mission de Discovery. Par la suite,
ils seront déplacés le long d'une poutre transversale
de près de 100 mètres qui sera installée ultérieurement
au cours de plusieurs opérations d'assemblage extrêmement
complexes.
Le module de recherche américain
:
Le 7 février 2001, la navette Atlantis (STS-98)
emportait le module Destiny. Cet élément représente
le principal centre d'activités de recherche de la Station
Spatiale Internationale et était mis en place au moyen du
bras manipulateur du Shuttle. Les astronautes effectuaient ensuite
tous les branchements externes au cours de trois sorties extravéhiculaires.
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Début décembre 2000, la station
dispose enfin d'une source d'énergie permettant à
ses occupants d'entamer un véritable programme de recherches
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Première relève
d'équipage :
Le 8 mars 2001, la navette Discovery (STS-102)
s'envolait de Cap Canaveral avec, à son bord, non seulement
le module logistique de liaison Leonardo, mais aussi un nouvel équipage
composé de James Voss, Susan Helms et Yury Usachev. Ceux-ci
prendront la place de Yuri Gidzenko, Serguei Krikalev et Bill Shepherd
après un séjour de plus de trois mois à bord.
Le bras robotique et le module Raffaello
:
Le bras manipulateur canadien a été
installé sur l'élément central de la station
spatiale au cours de la mission STS-100 de la navette Endeavour,
lancée le 19 avril 2001. Cet élément sera d'un
précieux concours lors des futures missions d'assemblage
de l'ISS.
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Le module de recherche américain Destiny
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Le shuttle emportait aussi le
module italien Raffaello, contribution de l'ASI (Agence Spatiale
Italienne) à l'ISS. Il sera utilisé ici pour amener
du matériel à bord de la station, puis retournera
à terre avec la navette.
Le sas étanche (Station Airlock)
:
Cet élément capital n'est autre
que le sas de décompression permettant aux astronautes de
sortir de la station en scaphandre et d'y rentrer. Il peut contenir
simultanément deux occupants avec leurs scaphandres et a
été installé lors de la huitième mission
d'une navette le 15 juillet 2001.
Cette mission – STS-104 – a marqué
la fin de la première phase de la construction de la Station
Spatiale Internationale.
Deuxième relève d'équipage
et module Leonardo :
Le 10 août 2001, la navette Discovery (STS-105)
emmenait vers la station non seulement le module de liaison Leonardo
(pour la deuxième fois), mais aussi les astronautes Mikhail
Turin, Frank Culbertson et Vladamir Dezhurov, qui relevaient l'équipage
précedent.
Par la même occasion, la Station Spatiale
Internationale recevaient des accumulateurs supplémentaires,
ainsi que des racks à instruments indispensables aux premiers
programmes de recherche scientifique menés à bord.
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Les modules de liaison jouent un rôle
capital dans la construction et l'exploitation de la station. Il
s'agit de compartiments réutilisables, étanches et
habitables, mais non autonomes.
Transportés par une navette spatiale, ils sont amarrés
à l'ISS le temps d'une mission et servent de conteneur, tant
pour le ravitaillement que amener à bord de l'instrumentation
scientifique. Avant le retour de la navette, le volume interne libéré
reçoit tout ce qui n'est plus utile aux astronautes, ainsi
que les déchets produits, puis le module est réintégré
dans la soute et ramené au sol.
Deux modules de liaison ont été
utilisés jusqu'à présent: Raffaello (italien)
et Leonardo. Un troisième sera bientôt exploité.
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