C'est dans l'office aménagé dans le module d'habitation
que les astronautes prennent leurs repas. Cette petite pièce
comprend deux réfrigérateurs, un congélateur,
un distributeur d'eau et, bien sûr, une table. Celle-ci
est aménagée pour pouvoir retenir les objets qui
y sont "posés".
Tout comme dans un fast-food bien terrestre, les membres d'équipage
utilisent un plateau sur lequel prennent place, en s'y fixant,
des contenants d'aliments et de boissons qu'ils peuvent choisir
à leur guise dans les armoires de rangement. Ils disposent,
comme n'importe quel Terrien, d'un couteau, d'une fourchette et
d'une cuiller. Une paire de ciseaux a toutefois été
ajoutée à leur panoplie pour ouvrir les sachets
de nourriture lyophilisée.
Le repas terminé, reste à nettoyer les accessoires
au moyen de serviettes pré-humidifiées puis à
placer les déchets dans des conteneurs qui seront soit
détruits dans l'atmosphère terrestre, soit ramenés
au sol.
L'exercice, les loisirs
Les efforts fournis en état d'apesanteur réclamant
moins d'efforts physiques, l'embonpoint guette les astronautes
qui ne pratiqueraient pas régulièrement des exercices
visant à dépenser leur énergie. Pour cela,
tapis roulant et vélo ergonomique sont à leur disposition.
Un dispositif de sangles élastiques attire le corps vers
le "sol" de façon à imiter la force d'attraction
terrestre. Chaque membre d'équipage est astreint à
utiliser ces instruments au moins deux heures par cycle de 24
h.
Les divertissements sont tout aussi importants pour des hommes
qui devront rester jusqu'à six mois dans cet espace confiné
qu'est la Station Spatiale Internationale. Ainsi, jeux de société,
jeux de cartes, livres et même instruments de musique sont
présents à bord, ainsi que des lecteurs de CD audio.
Chaque astronaute disposera de sa propre couchette, spécialement
aménagée pour procurer un maximum d'intimité.
Elles sont composées d'un sac de couchage en tissu à
fermeture éclair munie d'un coussinet à l'arrière.
Contrairement à ce qu'on pensait jadis, les hommes dorment
mal s'ils flottent librement dans l'espace, ou même dans
leur couchette. Aussi, des sangles sont-elles prévues afin
de donner l'illusion d'une certaine pesanteur. Dans leur compartiment,
ils disposeront en outre d'une lampe de lecture, d'une tablette
de travail et de tiroirs à vêtements.
La santé des astronautes
Les conséquences d'un séjour en état d'apesanteur
peuvent être classés en trois catégories principales
:
· Influence sur la circulation sanguine
· Influence sur la structure osseuse et musculaire
· Influence sur les sens d'équilibre et d'orientation.
La circulation sanguine
Sur Terre, le sang et les autres fluides corporels sont naturellement
attirés vers le bas du fait de la gravité. Notre
cœur, ainsi que l'ensemble du système circulatoire,
est programmé pour répartir judicieusement tous
les liquides dans le corps en tenant compte de cet effet. Ainsi,
l'effort produit par le muscle cardiaque est-il plus important
pour faire monter le sang au cerveau que pour irriguer les jambes,
où il est naturellement attiré.
Dans l'espace, ce schéma n'est plus valable. Le cœur
reste toujours programmé pour travailler comme sur Terre,
avec pour conséquence d'envoyer beaucoup plus de sang vers
la tête que vers les jambes. Les astronautes ressentent
alors le syndrome de la tête pleine. Les veines du cou et
de la face gonflent et font saillie, les yeux rougissent et se
gonflent. Cet effet s'accompagne souvent de congestion du nez
et des sinus ainsi que de maux de tête. A l'opposé,
les jambes deviennent plus minces, car le sang n'y arrivent plus
qu'au prix d'un effort que le cœur n'est pas programmé
pour accomplir.
Ce sont ces changements d'ordre physiologique qui provoquent
le mal de l'espace, ou syndrome d'adaptation à l'espace,
version spatiale du mal des transports, que 40% des astronautes
connaissent. Heureusement, ce désagrément disparaît
généralement au bout de deux à trois jours
d'adaptation, des exercices appropriés peuvent aussi faciliter
ce retour à la normale.
La structure osseuse et musculaire
En état d'apesanteur, la masse musculaire se dégrade
continuellement en raison d'une sollicitation moindre. Les muscles,
et surtout ceux des jambes, perdent de leur tonus et rapetissent.
Il y a alors atrophie musculaire. Les os s'affaiblissent en se
déminéralisant par perte de calcium, de sodium et
de potassium. Cette dégradation osseuse peut atteindre
10% des os des membres inférieurs.
Ces conséquences peuvent être amoindries par l'usage
de médicaments, et surtout par la pratique des exercices
physiques dont chaque astronaute est astreint.
Par contre, si certains volumes diminuent, la taille du corps
humain augmente dans l'espace. La colonne n'étant plus
compressée par la pesanteur terrestre, les vertèbres
s'écartent légèrement les unes des autres
et le corps de l'astronaute s'allonge d'une valeur pouvant atteindre
7 cm. Bien sûr, le retour à une gravité normale
rétablit rapidement la situation.
Les sens d'équilibre et d'orientation
Ce problème préoccupe les médecins depuis
le début des vols spatiaux habités. Sur Terre, le
cerveau reçoit les informations sur son environnement de
deux façons, par la perception directe (les yeux, les muscles
et les tendons), ainsi que par l'appareil vestibulaire, un ensemble
de capteurs situé dans l'oreille interne. Celui-ci est
constitué de canaux remplis de liquide dont les mouvements
sont analysés par le cerveau afin de déterminer
les changements de position et d'orientation.
Dans l'espace, ces mêmes dispositifs continuent de fonctionner.
Mais le cerveau de l'astronaute quittant la Terre continue de
croire que les repères renseignés par la perception
directe sont terrestres. Or, ils entrent en contradiction avec
les informations fournies par l'appareil vestibulaire qui, faute
de pesanteur, n'est plus capable de fonctionner normalement. Il
ne reste donc plus à l'astronaute désorienté
que ses yeux pour fournir un minimum d'informations à son
cerveau.
Les radiations
Sans être une conséquence directe de l'état
d'apesanteur, les doses de radiations auxquelles seront soumis
les astronautes sont néanmoins préoccupantes.
Sur Terre, les diverses radiations qui proviennent de l'espace
(électrons, rayons cosmiques, particules solaires) sont
en grande partie absorbées par la couche d'ozone. Mais
dans l'espace, cette protection naturelle n'existe plus. Or, les
médecins estiment qu'une personne recevant une quantité
annuelle de radiations supérieure à 0,05 sievert
risque de contracter un cancer de la peau. Les astronautes à
bord de la station recevront annuellement 0,2 sievert, soit quatre
fois la valeur maximale tolérée, ce qui devrait
se traduire par un risque de cancer mortel accru de 1 à
2%.
Cela ne représente pas grand chose si on considère
ce chiffre brut, mais le risque n'est pas à négliger,
surtout si l'on prend en compte la loi des grands nombres.
En effet, si on se base sur une utilisation de la station pendant
20 années au rythme de 7 astronautes par semestre, on obtient
280 séjours de 6 mois. Et si on extrapole les pourcentages
de risques, on obtient 3 à 6 cancers mortels en plus pour
ces astronautes que pour une population identique restée
au sol. Interrogée à ce sujet, la NASA déclare
que les progrès scientifiques et médicaux se chargeront
de compenser cet inconvénient.
Et d'aucuns de faire remarquer que fumer dans l'espace étant
formellement prohibé, les risques de cancer devraient en
réalité diminuer lors de séjour prolongé
à bord de la Station Spatiale Internationale…